Shockdom est une maison d’édition italienne fondée en 2000. Initialement spécialisée dans la publication de bandes dessinées numériques, elle a ensuite étendu son offre en proposant le format papier, devenant un point de référence pour les auteurs italiens, surtout pour les débutants. Depuis septembre 2020, la maison d’édition a fait son en France et en Espagne, puis, à partir de janvier 2021, aux États-Unis. ZOO a voulu en savoir plus sur ce nouvel acteur du marché français de la BD. Nous avons posé nos questions à Lucio Staiano, fondateur de Shockdom.
À quel type de lectorat s’adresse votre maison d’édition? Quelle est votre ligne éditoriale?
Lucio Staiano: Nous n’avons pas de cible précise et donc de ligne éditoriale stricte. Nous avons plusieurs collections qui s’adressent à un public varié, mais nous publions ce que nous aimons, sans être soumis à des contraintes rigides. Cela a évidemment posé des problèmes au début pour se créer une identité, mais au fil du temps les lecteurs ont reconnu notre courage, notre audace à expérimenter et chercher de nouvelles voies.
Pourquoi se lancer dans le marché français? Quelles sont vos espérances? Vos objectifs?
L. C: Nous souhaitons mettre en valeur nos livres en les proposant à l’étranger, en France notamment (mais pas seulement) est important pour faire rayonner notre maison et ses auteurs. Cela comporte sûrement des risques, mais aussi une grande satisfaction, ce que nous ressentons en ce moment.
Nous avons approché le marché français graduellement en essayant de comprendre comment il nous percevrait et comment les lecteurs français nous accueillerait. L’art italien est toujours très apprécié et nous avons beaucoup d’artistes talentueux à faire connaître au-delà des frontières italiennes. La France est LE marché par excellence, publier ici équivaut à jouer dans la Ligue des Champions, et il faut donc être capable d’offrir des produits de qualité et qui sortent du lot, ce que, je crois, nous sommes en train de faire.
Tout votre catalogue va être proposé en France? Quels sont les titres et auteurs phares?
L. C: Non, car les titres que nous publions en Italie ne se prêtent pas tous à une adaptation pour le marché français. Mais nous aurons sûrement l’occasion d’ « oser », en proposant des ouvrages spécifiques. Par exemple, nous sommes en train de réfléchir à la possibilité et à la façon de présenter aux lecteurs français Sio, notre principal auteur. Ses albums en Italie se vendent par centaines de milliers, mais cet auteur utilise un langage difficile à adapter. En revanche, nous avons immédiatement misé sur Jessica Cioffi (Loputyn, auteure de Francis et Cotton Tales), car son art est universel et plaît au public. Parmi les autres auteurs que nous avons déjà publiés figurent Giulio Rincione, Alex Tripood et plusieurs mangaka de talent.
Est-ce que vous connaissez des difficultés dans votre implantation en France?
L. C: Le principal problème est que Shockdom est une maison d’édition relativement jeune, qui a fait parler d’elle seulement très récemment en Italie, et qui n’est donc pas très connue à l’étranger. Ces circonstances nous ont causé des difficultés lors de négociations avec les distributeurs français. Nous avons enfin trouvé le bon partenaire avec Makassar, grâce à la médiation de Federica Giuliano, notre référente pour la France, et nous avons commencé cette aventure avec eux. Makassar nous accorde sa confiance et notre objectif est de la mériter.
Quels sont vos chiffres de résultats en France? Pouvez-vous nous les comparer par rapport aux autres pays où vous êtes présent?
L. C: Les résultats sont plutôt satisfaisants. Malgré la crise sanitaire, nos titres ont de bons chiffres, si l’on considère que nous sommes nouveaux sur le marché et que nous devons encore construire l’image de la maison. Ce qui est évident est que les résultats sont plus significatifs que dans les autres pays où nous sommes présents, y compris l’Italie.
Que préparez-vous pour les lecteurs français dans les prochains mois?
L. C: En Italie nous menons une très forte activité de dénicheur de talents, notre objectif est de collaborer avec les meilleurs talents et surtout d’en dénicher de nouveaux. Nous sommes en train de conclure de nombreux accords avec des auteurs capables de produire des ouvrages de qualité. Notre plan éditorial est principalement conçu en pensant à la France, qui doit devenir notre principal marché.
J’ai pu lire que Shockdom met en œuvre une opération très particulière pour l’environnement en Colombie, pouvez-vous nous la présenter?
L. C: Bien sûr, il s’agit d’une opération que nous envisageons de faire chaque année. En fonction du « coût » de notre plan éditorial annuel, l’association Environomica, notre partenaire sur place, plante en Colombie un nombre d’arbres en mesure l’absorber et de récupérer, au moins en partie, le coût écologique lié à la distribution et à d’autres activités.
Prochainement, en Italie, nous commencerons aussi à imprimer nos ouvrages sur du papier recyclé. Nous avons une vocation « numérique » sous tous les aspects : nous utilisons très peu d’imprimantes et les déplacements en voiture sont très rares puisque nous recourons au télétravail depuis toujours. Ce n’est que récemment que nous avons décidé d’acquérir un siège physique, pour des raisons pratiques.
Jeune, innovatrice et attentive à l’aspect environnemental, Shockdom a toutes les clés pour se faire une place sur le marché français.
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